« Le gang Krache dife est responsable du carnage de Port-au-Prince », selon le rapport du RNDDH.

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Par M. Samuel JOSEPH
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Port-au-Prince, Vendredi 2 Juillet 2021 – Le P’tit Journal Haïti.

Dans la soirée du 29 au 30 juin dernier, la région métropolitaine de Port-au-Prince a connu une nuit sombre avec des assassinats en série perpétrés contre les membres de la population civile au niveau de Delmas 32 et de Christ-Roi par des hommes armés non identifiés qui circulaient à bord de motocyclettes. Cette situation de terreur avait, entre autres, provoqué la mort à plus de quinze (15) personnes dont l’ex-policier et Délégué du SPNH-17, Guerby GEFFRARD, le journaliste reporter de la Radio Vision 2000, Diego O. CHARLES, et la sociologue et militante politique, Marie-Antoinette DUCLAIR dit Netty.

Entre temps, le Réseau National de Défense des Droits Humains a dressé jeudi un rapport sombre sur cet acte odieux où il a dénombré vingt (20) victimes dont dix-neuf (19) morts et un (1) blessé. Ainsi, dans un rapport rendu publique dont une copie est parvenue à la salle de rédaction de « Le P’tit Journal Haïti », le RNDDH citant les témoignages des riverains, a pointé du droit des membres de la base « Krache dife », un des membres très influents du « G9 en famille et alliés », dans ce carnage. Donc, ce rapport contrédit les propos du chef a.i. de la Police Nationale d’Haïti, monsieur Léon CHARLES, qui, lui-même, a accusé le groupe Fantôme 509 et les alliés du défunt Guerby GEFFRARD dans ces événements sanglants.

Ci-joint, veuillez lire intégralement le rapport du Réseau National de Défense des Droits Humains sur les assassinats en série perpétrés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, dans la nuit du 29 au 30 juin 2021.

Rapport du carnage à Christ-Roi et à Delmas 32.

Nuit sombre à Port-au-Prince et Delmas: Le RNDDH en appelle à la mobilisation populaire.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2021, à Delmas 32, à Christ-Roi et à l’Avenue N prolongée, des individus armés ont fait feu sur au moins vingt (20) personnes, tuant dix-neuf (19) d’entre elles et blessant au moins une (1) autre. À l’Avenue N prolongée, entre 21:30 et 22:00, une (1) personne a été tuée par balle. À la rue Dessalines, Delmas 32, vers 22 heures 40, trois (3) motocyclettes transportant au moins deux (2) individus chacune, tous lourdement armés, ont ouvert le feu sur des personnes.

Cette attaque a fait au moins quinze (15) morts dont quatorze (14) sur le coup et un (1) autre, à l’hôpital. Ce dernier faisant partie des deux (2) blessés qui avaient été conduits à l’Hôpital Bernard Mevs. A la Rue Acacia, Christ Roi, trois (3) personnes ont été assassinées. 5. Selon certains résidents de Delmas 32 rencontrés autour de ces événements sanglants, les individus qui sont impliqués dans l’organisation et la perpétration de ces attaques font partie de la Base Krache Dife, dirigée par Wilson PIERRE connu encore sous le nom de James ALEXANDER alias Ti Sonson et Jean Manillo VIAU alias Manino ou Manillo.

Voici les premières informations relatives à seize (16) des victimes, recueillies par le RNDDH : • Diego CHARLES, journaliste de Radio Vision 2000 et du journal en ligne LaRepiblik, a reçu deux (2) balles dont l’une au flanc droit et l’autre, à l’avant-bras droit. Il se trouvait devant la barrière de sa maison, à la rue Acacia, zone Christ-Roi;

Marie Antoinette DUCLAIRE, journaliste du journal en ligne LaRepiblik, militante politique, a reçu sept (7) balles dont une (1) à la tempe gauche, une (1) à la joue gauche, une (1) au bras gauche, deux (2) au sein gauche et deux (2) autres balles au bras droit. Elle se trouvait au volant de sa voiture, devant la barrière de la maison de Diego CHARLES ; • Seighmel Fanelson Sal-Doly a reçu une (1) balle au cou, une (1) balle au bras gauche et deux (2) balles au ventre. Il se trouvait à la rue Acacia, non loin du véhicule de Marie Antoinette DUCLAIRE.

Frantz COFFY, accompagnateur d’un chauffeur de camion, a été tué d’une balle à la tête. Le chauffeur, atteint de balle, a été transporté d’urgence à l’Hôpital Bernard Mevs. Gregory MIZAINE et Luc BIEN-AIME ont été tués à la station de motocyclettes de Delmas 32. Maxnold GUILLAUME a été atteint de plusieurs projectiles. Il a été transporté d’urgence à l’Hôpital Bernard Mevs où il est décédé. Ralph THAM, né le 22 juillet 1984, agent de sécurité affecté à Eclipse Inn Bar Restaurant, rentrait chez lui quand il a été tué par balles; Anderson Grégory GREGOIRE et Odnel GREGOIRE, deux (2) frères, respectivement nés le 1er juin 1995 et le 6 novembre 1987, se trouvaient à la station de motocyclettes de Delmas 32 lorsqu’ils ont été tués. Junior Pierre JEAN HUBERT, né le 16 juin 1979, a été tué par balle. Louiras SCIPION, âgé de cinquante-cinq (55) ans, a été tué par balle. Fauline Charles CLAUDE, a été tué par balle. Cavens GEFFRARD, a été tué par balle. Yvnol LEGER, a été tué par balle.

Le constat de onze (11) des cadavres a été réalisé le 30 juin 2021 par le juge suppléant du Tribunal de Paix de Delmas, Maître Raphaël PIERRE. Les corps du journaliste Diego CHARLES, de la militante Marie Antoinette DUCLAIRE alias Netty et de Seighmel Fanelson Sal-Doly ont été constatés par le juge suppléant du Tribunal de Paix de Port-au-Prince, section Sud, James SAINT JEAN.

Les cadavres de quatre (4) autres personnes assassinées au cours de la même nuit, n’ont pas été constatés par les autorités judiciaires. Tel est le cas par exemple de Josaphat ainsi connu qui se trouvait dans sa boutique à la rue Dessalines, Delmas 32, lorsqu’il a été mortellement atteint. De plus, parmi les deux (2) personnes blessées par balles au cours de cette nuit sombre, recensées par le RNDDH, seul Wilgens POLYNICE a eu la vie sauve, Maxnold GUILLAUME étant décédé à l’Hôpital.

Au lendemain de cette nuit sombre à Port-au-Prince et à Delmas, le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) s’est empressé d’affirmer, par le biais du Directeur Général a.i. de la Police Nationale d’Haïti, Léon CHARLES, que le carnage enregistré à Delmas 32 dans la nuit du 29 au 30 juin 2021 a été perpétré par des membres du Fantom 509 et par des partisans du policier syndicaliste Guerby GEFFRARD, délégué du SPNH-17 lui-même assassiné à Delmas 32 dans l’après-midi du même jour.

Le RNDDH tient à souligner que dans la nuit du 29 au 30 juin 2021, trois (3) événements sanglants différents se sont produits dans trois (3) zones différentes, à des moments différents soit à Delmas 32, à Christ-Roi et à l’Avenue N. Il s’agit cependant de crimes perpétrés par des individus lourdement armés dont certains ont été identifiés par des riverains de Delmas 32 comme faisant partie de la Base Krache Dife, un des gangs influents du G-9 an Fanmi e Alye.

Le RNDDH condamne les déclarations hâtives et irresponsables, aux conséquences imprévisibles du Directeur Général a.i. de la PNH, Léon CHARLES, car, indexer un secteur dans la perpétration de plusieurs crimes ne peut se faire avec autant de nonchalance. En ce sens, le RNDDH rappelle à l’attention de ce dernier que c’est pour éviter des dérives du genre, que le Législateur avait bien pris soin de séparer les rôles des institutions policières et judiciaires, dans le traitement des actes délictueux et criminels.

De plus, ces déclarations laissent croire que le carnage de Delmas 32 avait été bien planifié par les bandits armés et que le haut commandement de la PNH avait été mis au courant. En effet, selon le CSPN, c’est pour venger le policier syndicaliste Guerby GEFFRARD qu’une expédition punitive a été menée par des partisans du SPNH-17, membres du Fantom 509. Pour arriver à une telle précision dans ces déclarations, deux (2) scénarios sont possibles: soit des rumeurs étaient parvenues jusqu’à la PNH concernant la préparation de l’expédition, soit la PNH craignait la perpétration d’une telle expédition. Dans les deux (2) cas, l’institution policière avait pour devoir de sécuriser les riverains de Delmas 32. Ce qui n’a pas été fait.

Par ailleurs, le RNDDH rappelle que, de 2018 à nos jours, au moins cinq (5) journalistes ont été assassinés. Il s’agit de : • Vladimir LEGAGNEUR, 14 mars 2018, • Rospide PETION, 11 juin 2019, • Néhémie JOSEPH, 10 octobre 2019.

À date, aucun des dossiers des trois (3) premières victimes, n’a abouti à un jugement car, l’institution judiciaire totalement effacée, ne travaille que deux (2) à quatre (4) mois par an, depuis 2018. 16. Il ne fait donc aucun doute, un climat de terreur est instauré dans le pays avec la complicité des autorités étatiques et les droits à la vie, à la sécurité, à l’intégrité physique et psychique des citoyens-nes, sont constamment violés. Dans ce contexte, le RNDDH en appelle encore une fois à la mobilisation citoyenne pour exiger le respect et la réalisation des droits de la population haïtienne.

Port-au-Prince, le 1er Juillet 2021.


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